jeudi 27 octobre 2016

Des corps et des cordes

Après deux semaines voyageuses et très prenantes, j'écoute enfin "Des corps et des cordes" diffusé sur France Culture dans le cadre de l'émission "Création on air" le 14 octobre 2016. J'étais en Suisse dans un univers très latexé et depuis, impossible de trouver le temps d'écouter.
C'est toujours très étrange de s'entendre. Je maudis mon bafouillage, mes tics de langage, mes grognements. Je remémore ces instants vécus grâce aux voix, le chant de la corde qui file, les cliquetis des mousquetons, des cloches qui sonnent, le rire d'un ami. Je souris...

Comment ça se passe pour toi ?- Je crois que j’ai envie de me faire attacher moi aussi…- T’as pas peur que ce soit trop… intense ?- On pourrait peut-être se faire attacher ensemble, dans les mêmes cordes ?- T’as pas peur que ce soit pire ? Est-ce qu’on se connaît assez pour vivre ça ?- Ah si, j’ai peur. Mais je voudrais comprendre, ce que ça fait…


Des corps et des cordes•

Nous sommes deux filles, Céline et Élisa, qui allons à la rencontre de deux femmes, Flozif et  Aloysse. Nous n’avons pas le même âge. Notre point commun : l’exploration performative des corps. 
Au départ, nous les rencontrons séparément : Élisa rencontre Flozif, et Céline rencontre Aloysse. Nous les regardons, nous les écoutons. Leurs gestes nous sont étrangers. Chacune de nous tente d’appréhender la singulière expérience des cordes de ces deux femmes, dans leurs activités quotidiennes ainsi que dans des moments plus festifs. 
Au fil de nos échanges, nous nous apercevons que l’une et l’autre se connaissent, s’estiment. 
Progressivement, l’envie et la curiosité de voir se mélanger ces deux espaces distincts se dessine : nous nous réunissons toutes les quatre le temps d’une soirée. Malgré la récente occidentalisation du shibari, nous abordons cet art ancestral comme une pratique mystérieuse, intrigante, réservée aux initié-es, telle la sorcellerie. 
Le pays d’origine du shibari est le Japon, la bible de cet art centenaire est le Zukai Torinawajutsu écrit par Seiko Fujita (1964) 
Enfin, nous nous mettons en jeu physiquement dans les cordages de nos « amies-shibaristes ». Liées, immobiles, nous laissons les nœuds étreindre et peut-être détruire la somme des conditionnements de toute une vie. 
Que reste-t-il de soi lorsqu'il faut abandonner son ego, son besoin de contrôle ?





Photos Aloysse.

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